Quels sont les symptômes de la sclérose en plaques ?
Les symptômes de la SEP sont variés, imprévisibles et souvent « invisibles ». Ils dépendent de la localisation des lésions dans le cerveau, le tronc cérébral et la moelle épinière. Certains surviennent brutalement lors d’une poussée ; d’autres s’installent lentement dans les formes progressives. Chaque personne présente sa propre combinaison de signes et leur intensité peut fluctuer au fil du temps.
Comment apparaissent‑ils ?
Phase | Mécanisme | Illustration typique |
Poussée (inflammation aiguë) | Démyélinisation soudaine d’une zone nerveuse | Perte de vision d’un œil (névrite optique) sur 48 h, puis récupération partielle ; engourdissement d’un hémicorps durant 3 semaines |
Progression (dégénérescence lente) | Atrophie axonale, gliose | Marche à petits pas de plus en plus lente sur plusieurs années |
Une poussée se définit par un nouveau symptôme ou l’aggravation d’un symptôme existant pendant ≥ 24 h, en l’absence de fièvre ou infection.
Principaux groupes de symptômes
1. Symptômes sensitifs (≈ 60 % des patients)
- Picotements, fourmillements, « décharges électriques » (signe de Lhermitte)
- Hypoesthésie / anesthésie d’un membre ou d’une zone du visage
- Douleurs neuropathiques (brûlures, coups de poignard)
2. Symptômes moteurs (≈ 55 %)
- Faiblesse ou paralysie d’un membre (hémiparésie, paraparésie)
- Spasticité : raideur, spasmes nocturnes
- Difficultés à marcher, fatigabilité rapide
3. Troubles de l’équilibre et de la coordination (≈ 40 %)
- Ataxie, démarche instable, vertiges
- Tremblement intentionnel, dysmétrie (mouvement trop ample)
4. Troubles visuels (≈ 50 %)
- Névrite optique : vision floue, douleur rétro‑orbitaire, couleurs ternes
- Diplopie (vision double) due à l’atteinte des nerfs oculomoteurs
5. Fatigue et troubles cognitifs (fatigue ≈ 80 %, cognition ≈ 45 %)
- Fatigue « écrasante » disproportionnée à l’effort
- Difficultés d’attention, lenteur de traitement de l’information, troubles mnésiques
6. Douleurs et symptômes invisibles
- Céphalées, douleurs musculo‑squelettiques secondaires
- Névralgie du trijumeau (douleur faciale intense)
7. Troubles sphinctériens et sexuels (≈ 40 %)
- Urgences mictionnelles, rétention, incontinence
- Constipation, dysfonctionnements sexuels (troubles de l’érection, sécheresse vaginale)
8. Troubles de l’humeur (≈ 30 %)
- Dépression, anxiété, sautes d’humeur
Important : Un symptôme isolé ne signifie pas automatiquement SEP. D’autres pathologies neurologiques ou métaboliques peuvent mimer ces signes. Seul un neurologue, aidé de l’IRM et d’examens biologiques, peut poser le diagnostic.
Symptômes précoces fréquents
Symptôme sentinelle | Description | Signes d’alerte |
Névrite optique | Perte de vision unilatérale douloureuse Récupération partielle en 4–6 semaines | Irradiation de douleur au mouvement de l’œil |
Paresthésies | Fourmillements ascendants dans les jambes ou le tronc | Signe de Lhermitte déclenché à la flexion du cou |
Faiblesse d’un membre | Jambe « cotonneuse », pied qui traîne | Augmentation de la fatigue en fin de journée |
Symptômes tardifs et complications
- Dysarthrie: parole lente et scandée (« parole explosive »)
- Ataxie cérébelleuse sévère: nécessité d’une aide à la marche
- Troubles cognitifs progressifs pouvant impacter l’emploi
- Spasticité sévère entraînant des contractures fixes
Lorsque les poussées sont fréquentes ou qu’une progression secondaire s’installe, certains déficits peuvent devenir irréversibles. Une prise en charge précoce (traitements de fond, rééducation, adaptation du mode de vie) limite le risque de handicap durable.
Références clés
-
- European Academy of Neurology (EAN) – Guidelines on symptom management in multiple sclerosis, 2023.
- Haute Autorité de Santé (France) – Parcours de soins SEP, mise à jour 2025.
- MSIF Atlas of MS, édition 2024 (chapitre « Symptom prevalence »).
- ONT (Observatoire national de la douleur) – Rapport SEP 2024.