Changer de regard sur le handicap et rendre la société plus inclusive. Le Premier ministre Édouard Philippe a inscrit son premier comité interministériel du handicap (CIH) dans la continuité des précédents. En y apposant sa patine : de la concertation d’abord, les décisions, plus tard.

La principale annonce consiste en l’augmentation de l’allocation adulte handicapée. Le candidat Macron avait promis 100 euros. Ce sera en fait 90 euros en deux ans, de 810, 89 euros mensuels à 900 euros, pour le million de bénéficiaires de l’AAH. Dans le détail, une première revalorisation correspondant à l’inflation sera actée au 1er avril 2018, puis une deuxième, exceptionnelle, le 1er novembre portera l’AAH pour un adulte seul à 860 euros. En 2019, même schéma : une première revalorisation liée à l’inflation, puis une seconde en novembre. « Un effort jamais vu, considérable, 2 milliards de plus pour le quinquennat », a insisté Édouard Philippe. Avant d’appeler à voir, au-delà des simples mesures indemnitaires, l’impulsion globale donnée à la politique du handicap.

Logique de parcours

Le Premier ministre a insisté sur l’interministérialité de cette politique, qui doit permettre de « raisonner non plus en silo, mais en termes de parcours », centré sur la personne, avec le souci d’éviter les ruptures.

Concernant la santé, l’accès aux soins, la prévention, la mortalité précoce des personnes en situation de handicap, « les chiffres sont mauvais » a déploré Édouard Philippe. « Le travail est engagé par la ministre de la Santé, pour améliorer la prévention, de meilleurs traitements, et un accueil plus adapté dans les structures médicales et médico-sociales », a-t-il poursuivi. Des réflexions sont en cours sur le lancement de « missions d’inspection », notamment par des parlementaires.

Le dossier de presse indique, au titre des engagements du quinquennat, la mise en place d’un bilan de santé périodique pour les usagers des établissements et services médico-sociaux, et le doublement des crédits dédiés à la prévention des départs en Belgique, par une nouvelle enveloppe de 15 millions d’euros en 2018.

Des annonces au 1er semestre

Mais les annonces officielles attendront le début de l’année 2018, quand sera dévoilé le 4e plan autisme (au terme de six mois de concertations), voire mai 2018, date à laquelle se réunira la conférence nationale de santé sous l’égide du Président.

Quant aux autres domaines (petite enfance, scolarité, emploi), le Premier ministre a annoncé que 250 unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS) supplémentaires (au 8 600 existantes) seront créées au cours du quinquennat ; que l’enseignement supérieur mobilisera 1 000 services civiques en 2018 et 2000 en 2019 pour accompagner à l’université les étudiants ; et que le dispositif obligeant les entreprises à employer 6 % de personnes handicapées sera revu. Aujourd’hui, si la fonction publique atteint 5,5 %, le taux stagne à 3,2 % dans le privé.

Côté transports, la SNCF s’engage à investir 870 millions d’euros pour améliorer l’accessibilité de 158 gares d’État d’ici 2024, date qui coïncide avec les Jeux olympiques de Paris. Édouard Philippe a enfin fixé l’objectif de 100 % de logements adaptables au handicap dans les constructions neuves et assuré que des budgets seraient fléchés sous forme de subventions de l’État allant aux collectivités territoriales, pour améliorer l’accessibilité des établissements recevant du public (ERP). Sur 1 000 000 EPR, près de 610 000 sont entrés dans la démarche d’agendas d’accessibilité programmée (Ad’AP).

 

Source : Lequotidiendumedecin.fr

Coline Garré 21.09.2017

Aller au contenu principal