« Simplifier la vie quotidienne des personnes handicapées et améliorer leurs droits sociaux », tel est l’horizon de la feuille de route composée de 90 mesures, que le gouvernement a présenté lors du comité interministériel du handicap, le 2 décembre, à Nancy.
« Les réponses ne sont pas toujours satisfaisantes, alors même que 12 millions de Français vivent avec un besoin spécifique en matière d’autonomie », a reconnu le Premier ministre Manuel Valls.
Consultations spécifiques, soins dentaires, et audioprothèses
Au chapitre de l’accès aux soins, 7,4 millions d’euros supplémentaires seront débloqués pour financer des consultations dédiées au handicap en 2017 et 2018 et 10 millions pour des unités de coordination, rattachées à la psychiatrie de secteur, destinées à accompagner les personnes handicapées psychiques. Ces dernières pourront aussi bénéficier de 800 nouvelles places au sein de résidences accueil et de pensions de familles, et de 30 places d’appartement de coordination thérapeutique.
L’accès aux audioprothèses devrait être facilité (révision de la nomenclature, définition d’un prix limite de vente, relèvement du tarif sécu, pour un budget total de 47 millions d’euros), tout comme celui aux soins dentaires, avec la création d’unités dentaires mobiles (25 millions d’euros financeront le déploiement de 100 bucco-bus d’ici à 2020), et la revalorisation des actes spécifiques des chirurgiens-dentistes (pour un budget prévu de 12,5 millions d’euros par an).
Des actions de prévention et d’éducation à la santé adaptées aux handicaps seront développées tandis que la santé mentale et le handicap psychique pourraient être déclarés « grande cause nationale 2017 », ou faire l’objet de campagnes nationales pour faire évoluer le regard de la société.
Concertation dès janvier pour un 4e plan autisme
L’offre médico-sociale devrait être renforcée, grâce aux 59 millions d’euros (pris sur les 180 millions de la stratégie pluriannuelle d’investissement, dévoilée lors de la conférence nationale du handicap de mai 2016) que recevront dès 2017 les agences régionales de santé (sous forme d’autorisations d’engagement).
Parmi les priorités qui leur sont assignées, le développement des interventions hors les murs, comme les pôles de compétences et de prestations externalisés (initiés dans le champ de l’autisme) ou les solutions d’habitat inclusif. Des places seront créées dans les territoires les moins bien dotés, avec une attention toute particulière pour les handicaps lourds et complexes, les places destinées aux jeunes adultes (pour qu’ils ne restent pas dans des structures pour enfants), et l’offre en Outre-mer (20 millions d’euros sur 5 ans).
Alors que l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) planche sur l’évaluation du 3e plan autisme (2013-2017), un 4e plan est en cours de préparation. Une concertation sera lancée en janvier 2017, pour l’inscription des premières mesures dans le PLFSS pour 2018. Au menu, la révision de la gouvernance (le comité de pilotage sera renforcé de deux personnes), le renforcement de la politique de diagnostic, le soutien aux familles, la formation des professionnels, le renforcement de l’offre de scolarisation (création sur deux ans de 100 unités d’enseignement en écoles élémentaires sur le modèle des UEM, et d’une unité localisée d’inclusion scolaire par département) et la recherche.
« Un plan n’en chasse pas un autre : le financement du 4e plan va venir s’ajouter aux 165 millions d’euros annuels inscrits dans le 3e plan pour le fonctionnement de nouveaux établissements et services », a précisé la secrétaire d’État Ségolène Neuville le lendemain, en ouverture du congrès Autisme France. Elle a en outre précisé que le décret qui doit revoir les missions des centres de ressources autisme – à la suite d’un rapport de l’IGAS – sera présenté au conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) ce mois de décembre.
Allocation adulte handicapé accordée pour 20 ans
L’ouverture de la prestation de compensation du handicap (PCH) aux plus de 75 ans devrait faire l’objet de travaux avec les départements, tout comme la prise en compte des besoins liés au handicap psychique, cognitif ou mental, et la création d’aides à la parentalité.
Enfin, en matière de droit, à partir du 1er janvier 2017, l’allocation adulte handicapé des personnes atteintes de handicaps lourds et durables sera accordée pour 20 ans, et non plus 10 ans.
La FNATH (association des accidentés de la vie) a salué des mesures attendues depuis longtemps. « Reste à concrétiser ces annonces et à mobiliser l’ensemble des candidats aux prochaines élections », ajoute-t-elle.
Article écrit par Coline Garré
Source : Lequotidiendumedecin.fr